Section 1 : Le pouvoir et l’Etat
La question
qui se pose est souvent celle de savoir s’il existe entre l’Etat et le pouvoir des relations
étroites ? Pour un certain nombre d’auteurs, il ne fait aucun doute
de l’existence des liens très étroits entre le pouvoir et l’Etat. Mais pourquoi ? Mais
tout simplement parce que l’Etat, en tant qu’organisation, demeure le premier
cas d’organisation du pouvoir dans les relations politiques. C’est la raison
pour laquelle Thomas Fleiner-Gerster
définit l’Etat comme « une
entité constituée par un peuple et un territoire au sein de laquelle le pouvoir
politique s’exerce de façon rationnelle et organisée, sous forme de
souveraineté, à l’intérieur, et d’indépendance, à l’extérieur. »
Cette définition reprend exactement les 3 critères habituellement requis
pour qu’une organisation politique puisse être considérée comme un Etat.
La population forme le cadre
démographique sur lequel s’exerce le pouvoir étatique. C’est dire que l’Etat
contemporain reste le cadre institutionnel d’organisation du pouvoir politique,
mais l’Etat est aussi le dépositeur principal du pouvoir dans le monde
contemporain. Mais sur le plan juridique, l’Etat contemporain se présente comme
étant une institution, c’est-à-dire comme étant une personne morale détentrice
du pouvoir politique. C’est pourquoi la liaison entre l’Etat et le pouvoir est
double, parce qu’il existe d’abord un pouvoir de l’Etat et ensuite des pouvoirs
dans l’Etat.
Paragraphe 1 : Le pouvoir de l’Etat
Les
sources du pouvoir sont multiples, par exemple,
le fait de posséder des biens de valeurs permet d’agir sur les autres. Une
personne peut avoir un pouvoir sur ses biens, mais parmi tous ces pouvoirs que
l’on peut rencontrer dans la société, le pouvoir de l’Etat tient une place
particulière. Pourquoi ?
Mais parce que ce pouvoir est au service de la société, de l’intérêt général.
A- L’Etat
comme forme d’organisation politique
L’Etat
se présente donc comme une sorte de super pouvoir qui englobe et contient tous
les pouvoirs, mais pourquoi ?
Mais parce qu’il incarne l’unité de la société, l’Etat est le fondement de
toute autorité. C’est pourquoi l’Etat est investi d’une autorité absolue et
exclusive. En d’autres termes, l’Etat est la source du pouvoir. L’Etat a le
pouvoir d’édicter des normes, des règles que les citoyens doivent respecter
sous peine de sanctions.
01/10/19
B- L’Etat
comme pouvoir politique
Pour les
sociologues, l’Etat est d’abord une société politiquement organisée, l’Etat une
organisation politique, parce qu’il est un ordre qui règle l’usage de la force,
et parce qu’il détient également le monopole de l’usage de la force. En d’autres termes, l’Etat est une société
politiquement organisée, et parce qu’il est une communauté constituée par un
ordre de contrainte, et que cet ordre de contrat, c’est le droit. On dit
parfois que l’Etat est une organisation politique, en raison du pouvoir qui l’a
ou qu’il est, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Etat est décrit, par
les juristes, par les sociologues, comme le pouvoir situé au-dessus du droit,
c’est-à-dire le pouvoir qui applique le droit. Mais dans la mesure où un tel
pouvoir existe, cela signifie simplement que le droit est effectif, que l’idée
des normes juridiques, prévoyant des sanctions, motivent la conduite des
individus, qu’elles exercent une contrainte sur les individus, sur les membres
de la société.
Au sens social et politique,
le pouvoir implique une autorité et une relation du supérieure à l’inférieure.
Le pouvoir de l’Etat c’est le pouvoir organisé par le droit positif, c’est le
pouvoir du droit, c’est-à-dire un pouvoir encadré par les règles juridiques.
Mais d’une manière générale, l’Etat est traditionnellement détenteur d’un
certain nombre de pouvoirs dit « régalien » : maintien de l’ordre public,
administration de la justice, organisation de la défense nationale. Depuis 1945, l’Etat s’est vu confié un certain nombre
important de missions, en effet, les évolutions de la société française, ainsi
que celle de l’ordre international, ont profondément modifié le rôle du pouvoir
central dans l’ensemble des Etats-Nation européenne. Dans la tradition
française, l’Etat est le garant des valeurs communes, il est le gardien des
valeurs républicaines, l’arbitre suprême des conflits d’intérêts. Pour Jacques Chevallier « l’Etat apparaît
comme le gardien et le garant de la pérennité d’un ensemble de tradition autour
desquelles chacun peut se reconnaître et s’identifier. » l’Etat
post-moderne produit des valeurs collectives qu’il doit protéger : la
liberté, l’égalité, respect des droits et la solidarité.
Ce qu’il faut noter également,
c’est que l’Etat, au sens moderne, est une autorité souveraine qui s’exerce sur
l’ensemble d’un peuple, mais également d’un territoire déterminé. Cette forme
d’organisation humaine émet en Occident
à partir de la fin du Moyen-Age, mais à partir du XVIème
siècle, les guerres de religions vont changer la nature du conflit en
politique, et donner à l’Etat son premier grand rôle, celui qui vise à assurer
l’unité de l’organisation politique.
Dès lors, il est considéré comme
étant une puissance absolue. En France, la question du pouvoir de l’Etat semble être régler de
façon définitive, pourquoi ?
Parce que sur le plan juridique, les détenteurs du pouvoir ne sont, en réalité,
que des délégateurs de la souveraineté qui appartient à la nation.
Sur le plan politique,
avec la reconnaissance du suffrage universel, l’Etat est devenu un Etat
démocratique avec la mise en place de tous les principes fondamentaux d’un
régime démocratique. Mais la question du pouvoir de l’Etat ne règle pas
la question du pouvoir dans l’Etat. En France, le pouvoir de l’Etat a longtemps été en
droit le pouvoir des institutions centrales, mais si l’Etat est détenteur d’un
pouvoir, la question qui se pose est surtout celle de savoir à quoi sert ce pouvoir ?
Dans la conception de la démocratie libérale, qui est la nôtre, le pouvoir est
institué pour servir l’homme, mais cela veut dire que le pouvoir de l’Etat
n’est tout autre que le pouvoir des citoyens, c’est-à-dire qu’il est au service
des citoyens, et ce pouvoir a pour but de servir la population française. Mais
si ce pouvoir est au service des citoyens, il sert aussi à assurer l’ordre au
sein de la communauté française. En effet, une société dite « civilisée et
organisée » ne peut vivre dans le désordre, donc, on peut tirer la
conclusion selon laquelle le pouvoir de l’Etat sert aussi à maintenir de
l’ordre, à assurer la sécurité des citoyens, à réprimer les infractions de
toute nature. C’est pourquoi l’Etat agit évidemment directement par
l’intermédiaire de son appareil répressif : la police, la justice et enfin
l’armée.
Mais une deuxième question se
pose, c’est celle de savoir si
ce pouvoir est un pouvoir absolu, c’est-à-dire sans limite ? Pour
éviter que le pouvoir devienne un pouvoir absolu, arbitraire, il est utile que
dans une société organisée qu’il y est des limites, notamment au pouvoir
politique, par exemple, s’agissant de la France ou de l’Italie, l’opposition
politique face à la majorité qui gouverne est une forme non seulement de contre-pouvoir
mais également une limite, les régimes qui acceptent et pratiquent l’alternance
politique admettent l’existence d’un contre-pouvoir permanent. C’est
dire que le pouvoir de l’Etat n’est pas, en réalité, absolu, il existe donc des
limites à ce pouvoir. La limitation des pouvoirs s’est réalisée par
l’obligation faite au pouvoir politique et d’abord à l’exécutif de se soumettre
à un corps de règles supérieures garantissant au citoyen que nous sommes, le
respect des libertés, mais également la garantie des procédures. La France a connu plusieurs
République, de la première à la cinquième, mais la Vème
République reste marquer par le renforcement du pouvoir de l’Etat. En
effet, le trait essentiel de la Constitution de 1958 réside dans le rétablissement de l’Etat au rang des
forces animatrices de la vie politique française. Ce qui distingue la
Constitution de 1958 c’est qu’elle conçoit le pouvoir d’Etat, non pas comme
l’instrument d’un homme ou d’un parti politique, mais comme le pouvoir de la
nation tout entière, et il appartient à l’Etat d’incarner ce pouvoir, et ce
pouvoir c’est le pouvoir de la République, mais c’est aussi un pouvoir
démocratique qui procède du suffrage, c’est-à-dire des élections, c’est
d’ailleurs grâce à ce pouvoir que le gouvernement peut décider, peut prendre
des décisions concernant l’ensemble des français. Détenteur du pouvoir, l’Etat
est considéré comme étant un pouvoir par excellence. L’Etat est aujourd’hui
considéré comme la forme d’organisation des sociétés politiques.
En définitive, l’histoire de la
France nous enseigne que la formation de l’Etat s’est faite de façon
progressive, il est possible de dire aujourd’hui que l’Etat est devenu la forme
d’organisation du pouvoir la plus répandue, la plus prisée, parce qu’il devient
aussi le centre de la réflexion politique, c’est pourquoi il est considéré
comme une valeur, parfois même comme la valeur suprême. Mais l’Etat est le
pouvoir par excellence dans la mesure où il est seul capable de trouver des
solutions aux difficultés rencontrées par la population. Donc parler du pouvoir,
c’est parlé de la puissance publique, de l’autorité détentrice du pouvoir politique
de l’Etat. Et enfin, l’Etat est un mode d’organisation des hommes avec une
certaine répartition du pouvoir, c’est une forme d’organisation humaine
extrêmement perfectionnée.
C- L’Etat
garant de l’intérêt général
Il
convient de noter que bien que l’Etat soit le détenteur du pouvoir par
excellence, il ne dispose pas de ce pouvoir pour lui-même, mais en vue de
l’intérêt de la communauté qu’il rigide. En effet, le pouvoir détenu par l’Etat
est différent du pouvoir personnel, ou encore individuel, ce pouvoir est au
service de la population, par exemple, le
pouvoir étatique est destiné à défendre la nation de bien commun, de bien
public. Le pouvoir de l’Etat a pour mission également de protéger les citoyens
contre toutes formes de dangers, par exemple,
la guerre, les invasions. En réalité, la notion de pouvoir politique implique
par elle-même la recherche de l’intérêt de la communauté, c’est-à-dire la
communauté dans laquelle nous vivons. Il convient de préciser que l’Etat est
une personne morale de droit public, donc il ne peut exercer son pouvoir que
pour le bien commun, mais qu’est-ce
qu’un intérêt général ? L’intérêt général peut être défini comme
l’ensemble des besoins de la population, et pour Aristote et Cicéron, l’Etat est un promoteur du bien commun. Et pour les deux
auteurs, l’Etat représente même la notion d’intérêt général du bien commun.
Paragraphe 2 : Les pouvoirs et l’Etat
A- Les
formes de pouvoir
Toute société
produit des phénomènes de pouvoir, il existe une hiérarchie, une subordination,
et enfin un ordre social. Les sociétés humaines sont marquées par des
phénomènes de pouvoir complexes. A partir du moment où des êtres humains
décident de vivre ensemble, ils créaient entre eux des rapports, des liens, et
à partir de ces liens, il y a nécessairement le phénomène du pouvoir. De même,
les enfants peuvent créer entre eux des rapports de pouvoir. C’est dire que le
pouvoir est partout, qu’il s’agisse de la famille, de l’entreprise ou encore
des églises. Le pouvoir peut être aussi celui des groupes ou encore des
institutions.
B- Les
effets des pouvoirs sur l’Etat
Historiquement,
le pouvoir de l’Etat s’est constitué contre d’autres pouvoirs. En effet, bien
que l’Etat soit le détenteur du pouvoir par excellence, il exerce le pouvoir
dans un cadre bien déterminé, c’est-à-dire qu’il a des limites qu’il ne peut
pas franchir. Cette limitation est une garantie pour la démocratie, mais
également pour les citoyens. Il existe dans tous les Etats ce que l’on appelle
des « contre-pouvoirs »,
ces contre-pouvoirs jouent un rôle important dans un régime démocratique. En
effet, ils constituent inévitablement une garantie contre le risque d’un Etat
totalitaire. Parmi les contre-pouvoirs que l’on peut trouver en France, aux Etats-Unis ou ailleurs, il y
a tout d’abord les contre-pouvoirs institutionnels, mais quel est leur rôle dans un
régime démocratique ? Sont-ils nécessaires pour autant ? Ils sont
prévus précisément pour assurer l’équilibre interne du pouvoir et éviter ses
excès éventuels. Parmi ces contre-pouvoirs institutionnels, il peut s’agir du
corps électoral lui-même, et plus souvent des organes de contrôle politique ou juridictionnel,
c’est-à-dire des assemblées parlementaires ou encore des cours suprêmes.
Le cas des assemblées
parlementaires est particulièrement intéressant, pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles
peuvent être considérées comme étant des organes du pouvoir au service du
pouvoir politique, et dans une certaine mesure, comme des contre-pouvoirs. De
même, dans les systèmes fédéraux ou largement décentralisés, les collectivités
territoriales jouent le plus souvent le rôle de contre-pouvoir.
Il y a aussi les contre-pouvoirs
politique, lesquels ?
Traditionnellement, il s’agit des partis politiques dès lors qu’ils disposent
d’une pleine liberté d’action, ce qui implique donc le pluralisme. Les partis
politiques de la majorité comme de l’opposition peuvent, dans certains cas, se
comporter comme de véritable contre-pouvoir politique.
Et enfin, les contre-pouvoirs
sociaux sont très diversifiés, et ils recouvrent aussi bien les forces
économiques que sociales, par exemple, les
organisations syndicales lorsqu’elles organisent les manifestations de grèves,
elles se comportent comme de véritable contre-pouvoir. Mais il faut ajouter à
ces organisations des associations également, par exemple
qui milite pour la protection des enfants, de l’environnement ou encore
des animaux. Ces associations peuvent, en effet, exercer une influence directe
ou indirecte sur le pouvoir politique. Et enfin, on peut citer également le cas
des églises, bien qu’il y a le principe de séparation de l’Etat et de l’église,
il n’empêche que les églises peuvent jouer un rôle important auprès des
pouvoirs publics, en faisant des propositions.
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