La définition de la démocratie
§1 Sens et usage du mot
Le mot démocratie est assez ancien. Le mot vient de composantes du grec
ancien. Demos, c’est-à-dire le
peuple, et kratos qui signifie
pouvoir. On peut proposer une définition selon que la démocratie est un système
dans lequel le peuple est le titulaire du pouvoir, le peuple détient la
souveraineté. Le terme de démocratie désigne une forme de gouvernement qui a
pour fondement la souveraineté collective et le suffrage universel. On peut
entendre aussi par là une forme de société qui est fondée sur un certain nombre
de valeurs ou de principes, comme la liberté, l’égalité, le pluralisme, la
tolérance. C’est cet usage que fait par exemple Alexis de Tocqueville qui
s’attache plus aux dimensions sociales et culturelles plutôt que le système
politique. Il pense par exemple qu’en Amérique, l’égalité des conditions est la
première caractéristique d’une société démocratique. Plus proche de nous, c’est
à cet ensemble de valeurs que fait référence la CrEDH, qui est veillée au
respect de la CEDH. Parmi ces principes inhérents à toute société démocratique
selon elle, il y a par exemple le respect des droits et libertés fondamentaux
de la personne. Certains englobent dans la notion de démocratie des mécanismes
juridictionnels, des procédures. Ce sont ces éléments, ces mécanismes, qui vont
donner naissance à la démocratie participative ou délibérative. Ces notions
sont davantage utilisées par les philosophes. On parle par exemple de
démocratie sanitaire. On parle même aujourd’hui de la naissance d’une
e-démocratie. Ces expressions font référence à des procédures de discussions, à
des modes de délibérations, des individus à toute sorte de débats. Il y aurait
en ce sens démocratie partout où les citoyens seraient amenés à discuter de
notions publiques. Il y a aussi des cycles de conférences, comme la démocratie
environnementale. Aujourd’hui, la Constitution de 1958 rencontre de ce
phénomène, puisque la Charte de l’environnement de 2005 énonce que « toute
personne a droit de participer à l’élaboration des décisions publiques qui ont
comme question l’environnement ».
Par exemple, on parlera d’une organisation démocratique d’une université.
La pratique des primaires inaugurées en France par le PS pour désigner les
candidats aux élections présidentielles permet de renforcer le principe
démocratique des partis politiques.
Tous ces usages sont acceptables, mais il faut garder à l’esprit que tous
ces usages sont dérivés de la fonction initiale, historiquement première du
terme de démocratie, c’est-à-dire identifier et caractériser un système
politique en général et une forme de gouvernement en particulier.
§2 La démocratie comme système
politique ou forme de gouvernement
Sous cet angle, la définition la plus simple est certainement celle qu’a
donné Abraham Lincoln : la démocratie, c’est le gouvernement du peuple,
par le peuple, et pour le peuple. Mais en disant cela, Oscar Wilde disait que
la démocratie était l’oppression du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Nietzche disait que la démocratie, c’est la revanche des esclaves.
La manière dont fonctionne la démocratie est, par essence, sujet à
critiques. Au demeurant, cette critique est arrivée très vite. Rousseau, qui a
le mieux théorisé la démocratie, disait « S’il existait un peuple de dieux,
il se gouvernerait démocratiquement ». La démocratie serait alors
une utopie. Sans doute ici, ce qu’elle porte en elle, c’est ce que disait
Winston Churchill « La démocratie est le pire des régimes, à
l’exception de tous les autres ».
Elle peut comporter des risques :
-
Celui de tomber dans la
tyrannie de la majorité. Effectivement, un régime politique démocratique se
caractérise par le principe majoritaire. La règle veut que, par le vote, les
décisions prises, et notamment les règles de droit, doivent être celles du plus
grand nombre. La démocratie étant fondée sur la règle de la majorité, la
minorité a nécessairement tort, parce qu’elle est minoritaire. Il est évident
que le vote traduit, par définition, des divergences d’intérêts et de
convictions au sein de la société. Il peut donc se faire que la poursuite de
l’égalité se fasse au détriment du parti de la population. Tocqueville écrivait
que puisque toutes les opinions sont égales, et que ce sont celles du plus
grand nombre qui prévaut, c’est la liberté de l’esprit qui est menacée, et avec
elle, toutes les autres formes de libertés.
-
La puissance de la majorité,
l’absence de recul critique des individus qui la constitue, ouvrent donc la
voie au danger majeur qui guette la démocratie, le despotisme majoritaire.
C’est la raison pour laquelle il faut impérativement que la liberté
d’expression, et en particulier la liberté de manifestation, soit réservée
coute que coute, parce que seul la liberté de penser, seul la liberté de
s’exprimer permet de critiquer, de dénoncer les abus de pouvoir, les dérives de
pouvoir. C’est la raison pour laquelle l’article 11 de la DDHC érige la liberté
de s’exprimer.
§3 Les composantes de la démocratie
De manière simplifiée, la démocratie, c’est le pouvoir du peuple,
c’est-à-dire de l’ensemble des citoyens décidant majoritairement. Et donc, une
Constitution sera donc démocratique si le pouvoir est entre les mains, non pas
d’une minorité, mais du plus grand nombre. Cette définition simple se heurte
tout de suite à 2 difficultés :
-
Le peuple ;
-
La souveraineté.
No comments:
Post a Comment