Les
nullités du mariage
Le mariage a bien eu lieu, il a été célébré, mais
finalement il a été en violation des règles de validité du mariage. A
contrario, toutes les conditions de fond sont considérées comme des causes de
nullité, et les conditions de forme relative à la célébration elle-même que
sont la compétence de l’officier d’état civil, la déclaration en marie, etc…
donnent lieu à des causes de nullité envisageable.
Toutefois, le régime des nullités va être différent
selon la gravité de la condition non réalisée.
A)
L’action en nullité
En effet, la nullité va être qualifiée de nullité
relative ou de nullité absolue selon l’importance de la condition qui fait
défaut. Selon cette qualification, on ne va pas avoir le même régime. Il faut
les distinguer.
1)
La nullité relative
C’est une nullité de protection, sanctionnant la
violation des règles qui sont édictées dans le but de sauvegarder un intérêt
privé, de l’un ou des époux. Article 180, et les défauts d’autorisation
préalable, pour les personnes qui sont en situation d’incapacité, donc soit les
mineurs ou les majeurs protégés. Dès qu’on veut faire une action en justice, il
faut se demander la question de qui peut agir et dans quel délai.
Pour les nullités relatives, la qualité pour agir, il
faut la distinguer selon qu’on a un défaut de consentement ou un défaut
d’autorisation.
Pour le défaut de consentement, seul va pouvoir agir
l’époux ou les époux dont le consentement a été vicié. En cas de contrainte, le
ministère public peut demander la nullité.
Pour le défaut d’autorisation, la personne que l’on
cherchait à protéger peut demander la nullité, ou ceux dont le consentement
était requis.
Le délai pour la nullité relative est de 5 ans.
Concernant les vices de consentement, c’est désormais 5 ans à compter du
mariage. En revanche, pour les incapacités, le point de départ du délai pour le
mineur commence à courir à partir de sa majorité, et pour ceux qui devaient y
consentir, c’est à partir du jour où ils ont eu connaissance du mariage.
2)
La nullité absolue
La nullité absolue est une nullité qui vient
sanctionner la violation de règles édictées pour la sauvegarde d’intérêts
généraux, d’intérêts relevant de l’ordre public. C’est un intérêt sociétal que
l’on cherche à protéger.
L’article de référence, c’est l’article 184 du Code
Civil. Pour nous simplifier le jeu de renvoi, sont concernés la question de
l’âge, la question du défaut de consentement, la bigamie, l’inceste, la
clandestinité, la compétence de l’officier d’état civil en mairie.
Qui peut agir en nullité ? Et en quel
délai ?
Toute personne qui justifie d’un intérêt, ainsi que le
ministère public peuvent agir en nullité.
Le délai est de 30 ans. On a 30 ans pour pouvoir
annuler le mariage, et le point de départ c’est la célébration du mariage.
J’ai une femme qui fait un premier mariage avec X. Ces
deux derniers divorcent, et madame épouse le père de X, époux Z. Ce mariage a
été célébré. Ce mariage dure 20 ans. Personne dit rien. Au bout de 20 ans, Z
meurt. Il reste donc son fils X et sa femme. Au moment de la succession, X
comprend qu’il devra partager la succession avec son ex-femme. Son ex-femme
touche ¼ de la succession, et X touche les ¾ de la succession. Il va agir en
nullité absolue, sur le fondement de l’article 161 du Code Civil. Le mariage
n’a pas été annulé. Comment arrive-t-on juridiquement à maintenir une situation
qui est contraire à la loi ? La Cour de cassation l’a fait dans un arrêt
du 4 décembre 2013.
Les juges du fond doivent répondre, si la question leur est posée, à 2
questions :
-
Ils doivent vérifier
la conventionnalité des texte, de manière abstraite. Il y a un contrôle
abstrait.
-
Ils doivent également
vérifier que l’application de la règle de droit, considérée comme
conventionnelle, in concreto, ne
porte pas atteinte de manière disproportionnée à un droit fondamental. C’est ce
qu’on appelle le contrôle de proportionnalité.
B)
Les effets
Le principe, c’est que la nullité opère, normalement,
un effet rétroactif. Elle opère pour l’avenir, mais aussi opérer pour le passé.
Faire comme s’ils n’avaient jamais été mariés. Toutefois, il y a tout de même
un tempérament à cette règle stricte de l’effet rétroactif : on parle de
l’effet putatif du mariage (article 201 du Code Civil « Le
mariage qui a été déclaré nul produit, néanmoins, ses effets à l'égard des
époux, lorsqu'il a été contracté de bonne foi.
Si la bonne foi n'existe que de la part de l'un des
époux, le mariage ne produit ses effets qu'en faveur de cet époux »).
C’est le mariage qui est contracté de bonne foi. La bonne foi se présume. C’est
à celui qui lègue la bonne foi de la prouver. Quoiqu’il advienne, il n’y aura
aucun effet rétroactif sur la situation des enfants.
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