Le droit pénal médiéval


Le droit pénal médiéval

§ Préliminaire : La période franque et la période féodale


Ces périodes sont marquées par l’absence d’Etat. L’Etat est en recul à partir du 5eme siècle, à partir de cette période, on a des gallo-romains gérés par ce qui reste des institutions romaines et des barbares. Ces peuplades barbares ne connaissent pas l’Etat. Elles vont prendre le pouvoir dans la zone contrôlée par Rome anciennement et mettent en place des institutions. On assiste au retour en force de phénomènes qui ne relèvent pas de la justice et de droit pénal : la vengeance privée et la solidarité clanique ou familiale.

Il y a des restes de droit romain, mais c’est le droit romain vulgaire, on a perdu le droit savant. Il y a aussi des lois barbares rédigées en se confrontant à la civilisation romaine que les Francs, Wisigoths et Burgondes admirent. Quand ils le peuvent ils s’emparent de titulatures romaines. Il y a très peu de règles structurées, complexes, très peu de règles de propriété, de succession, pas de droit des contrats, par contre il y a du droit pénal et on retrouve un peu l’esprit du code d’Hammourabi, les lois barbares sont essentiellement des listes de tarifs : tu coupes un doigt, tu dois tant. Les lois barbares ont voulu contenir la vengeance privée et remplacer la vengeance privée qu’ils appellent la faïda, par le vergel, on rachète la faute. La masse la plus importante de la somme va à la victime et à sa famille.

On fait aussi entrer dans ces considérations de droit pénal les traits caractéristiques de la société barbare comme la solidarité clanique ou familiale. On n’en est pas au principe de la responsabilité personnelle. Le rachat concerne aussi la famille et entre dans la compensation pécuniaire un jeu familial d’alliances.

-          La chrénécruda (tas de cendre) est une procédure d’insolvabilité, celui qui ne peut pas payer doit prendre de la cendre dans le foyer et jeter ces cendres sur ses plus proches parents pour faire passer la charge du paiement sur sa famille. C’est une manière publique de constater l’insolvabilité et de poursuivre la procédure de pacification : il faut éteindre l’injure et stopper la volonté de vengeance privée.

-          La foris familiatio est une procédure de rejet publique par laquelle la famille rejette la solidarité vis à vis d’un coupable qui a commis un crime horrible ou qui expose sa famille à des représailles redoutées.

L’organisation juridictionnelle franque n’est pas très développée. Il y a 2 tribunaux : le tribunal du roi, et un tribunal dans chaque circonscription (la centaine) qui s’appelle le malus dans lequel ce sont les hommes libres qui rendent la justice (rachamours).

La période qui suit est la période Carolingienne, on essaie de rendre la justice un peu plus professionnelle en mettant des juges à la place des hommes libres.

            La féodalité se met en place au 9eme siècle sur les décombres de l’empire carolingien qui avait fait croire au rétablissement d’un Etat. C’est un nouveau recul de l’Etat et le pouvoir féodal s’érige à la place. On est en plein dans le principe de subsidiarité. Les acteurs principaux de cette période sont les seigneurs. Ceux qui ont le pouvoir sont la caste des guerriers qui assument les prérogatives étatiques.

La distinction des niveaux de justice apparaît, les seigneurs n’ont pas tous les mêmes moyens politiques et judiciaires. Il y a la basse, la moyenne et la haute justice.
La basse justice sont les petites affaires civiles, la moyenne et la haute concernent des affaires plus importantes (qui donnent plus d’argent au juge). Pour ce qui est de la justice pénale il n’y a pas de basse justice, la moyenne justice serait la justice correctionnelle et la haute justice les crimes. Seule la haute justice peut éditer la peine de mort, c’est le jus gladii (droit du glaive), cette organisation va se maintenir jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

On est dans une situation de pluralisme juridique, le Nord est un pays de coutume et le Sud un pays de droit écrit. Les coutumes aussi ont un ressort territorial. On a aussi le pluralisme juridictionnel : on a la justice seigneuriale qui traite des affaires civiles et pénales, la justice de l’église qui est peut-être la mieux structurée et celle qui a le mieux conservé le droit romain, mais l’église ne peut verser le sang, elle ne s’intéresse donc pas à la justice pénale. Par contre le droit canonique va être une source d’enrichissement car il va conserver les grandes procédures romaines avec l’appel romano-canonique notamment.

Il y a aussi les justices municipales qui traitent du civil et du pénal. Le droit pénal dans les villes connaît déjà le principe de la légalité. Les villes sont dotées de chartes de franchise parfois concédées par le seigneur, parfois arrachées et dans ces chartes on mentionne les infractions et les peines. C’est une garantie pour les bourgeois (habitants des villes) contre les abus judiciaires contre la torture, l’arrestation arbitraire …
Et puis il y a la justice royale, la royauté capétienne essaie de restructurer l’Etat et de récupérer aux seigneurs ce qu’elle a perdu.

On a une procédure pénale très rudimentaire, essentiellement accusatoire avec un système de preuve irrationnel : on pratique l’ordalie (épreuve publique sous le jugement de Dieu), on plonge le suspect dans l’eau, s’il se noie il est innocent sinon il est coupable, on brule les gens puis on examine la blessure, on pratique le duel judiciaire avec des cavaliers contre des paysans à pied.


 Les sources du droit criminel médiéval

Le droit pénal de l’Antiquité

Le développement de la procédure pénale



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